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Qu'est-ce que l'espace Schengen ? Définition et histoire

 "Espace Schengen”… Un nom connu mais dont la signification reste pourtant encore un peu floue même pour un grand nombre de ses habitants ! De son histoire à ses pays membres, en passant par l’origine de son appellation et son mode de fonctionnement, on répond à toutes les questions que vous pouvez vous poser sur la plus grande zone au monde dans laquelle il est possible de circuler librement sans contrôle aux frontières intérieures.

Où se trouve l’espace Schengen ?

L’espace Schengen est situé sur le continent européen. Il occupe une superficie de plus de 4 millions de km², compte plus de 420 millions d’habitants et regroupe 27 pays membres.

Quels pays font partie de la zone Schengen ?

Depuis le 1er janvier 2023, l’espace Schengen compte 27 États membres.

  • 23 États membres de l'Union européenne (UE) : Allemagne, Autriche, Belgique, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne , Portugal, République tchèque, Slovaquie, Slovénie et la Suède
  • 4 États non UE : Islande, Liechtenstein, Norvège et la Suisse

Le saviez-vous ? Bien que ne faisant pas partie de l’espace Schengen, les normes du traité s’appliquent pour 3 micro-États européens : Monaco, Saint-Marin et le Vatican

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Quels pays européens n’appartiennent pas à l’espace Schengen ?

Ne tombez pas dans le piège ! Contrairement à ce que l’on pourrait croire, tous les pays Schengen ne font pas partie de l’Union européenne et tous ceux de l’UE ne sont pas des États membres de l’espace Schengen non plus.

Ces 4 pays de l’UE ne sont pas membres de l’espace Schengen

1. La Bulgarie

2. Chypre,

3. L’Irlande,

4. La Roumanie

Actuellement, ces 4 États membres de l’Union européenne ne font pas partie de la zone Schengen. Cependant la Bulgarie, Chypre et la Roumanie ont vocation à intégrer l’espace Schengen tandis que l’Irlande est associée à une partie de cette coopération.

Est-ce que le Royaume-Uni fait partie de l’espace Schengen ?

Suite au Brexit, le RU a quitté l'Union européenne au début de l'année 2020. Le Royaume-Uni n’est pas un pays membre de l'espace Schengen, mais il est associé à une partie de cette coopération.

Si vous souhaitez vous rendre de l’autre côté de la Manche, renseignez-vous auprès des autorités britanniques pour connaître les conditions à remplir pour aller en Angleterre, en Ecosse, au Pays de Galles et/ou en Irlande du Nord.

Est-ce que les DROM-COM font partie de l’espace Schengen ?

Les territoires d’outre-mer français (la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, La Nouvelle-Calédonie, La Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Terres Australes et Antarctiques Françaises et les îles de Wallis-et-Futuna), situés en-dehors du territoire européen, ne font pas partie de l’espace Schengen.

C’est également le cas d’autres territoires éloignés ou insulaires rattachés à d’autres pays membres. Pour se rendre dans ces zones, il faut faire une demande de visa spécifique auprès de l’État dont elles dépendent.

Histoire : comment est né l’espace Schengen ?

Comme Rome, la construction de cette zone européenne, telle qu’on la connaît aujourd’hui, ne s’est pas faite en un jour ! Elle a débuté, il y a près de 40 ans, avec 5 pays membres de la Communauté économique européenne (CEE). Le 14 juin 1985, la France, la République fédérale d’Allemagne (l’Allemagne était alors constituée de la RFA et de la RDA) et les trois pays du Benelux (Belgique, Luxembourg et Pays-Bas) signent les accords de Schengen. Ils ont pour objet :

  • La suppression des contrôles aux frontières communes entre ces États
  • la libre circulation des personnes
  • le renforcement de la coopération policière, douanière et judiciaire entre les États signataires.

Ces accords sont précisés par une convention d’application. Cette dernière, signée en 1990, détaille le mode de fonctionnement de cette nouvelle zone et un comité exécutif veille à l’application du traité. Pour les modalités techniques, il faut attendre le 26 mars 1995 pour que les accords de Schengen entrent en vigueur.

Au fur et à mesure, d’autres pays européens ont signé les accords et ils sont, en 2023, 27 à faire partie de l’espace Schengen.

Pourquoi cette zone s’appelle-t-elle espace Schengen ?

Schengen est le nom du village luxembourgeois où ont été signés les accords, en 1985. Et il n’a pas été choisi par hasard. Situé au tripoint Allemagne-France-Luxembourg, sa situation géographique est très symbolique puisqu’elle connecte les frontières entre l’Allemagne et la France, entre l’Allemagne et le Luxembourg et la France et le Luxembourg.

Autre clin d’œil allégorique, la ratification du traité a eu lieu sur un bateau de plaisance, le M.S. Marie-Astrid, ancré sur la Moselle, une rivière qui traverse trois des pays signataires.

Le saviez-vous ? Les accords de Schengen auraient pu s’appeler autrement ! Édith Cresson, alors ministre des Affaires européennes demanda un jour à Robert Goebbels, signataire pour le Luxembourg des accords de Schengen, pourquoi le choix s’était porté sur "cette localité au nom imprononçable". Il lui répondit non sans humour qu’il avait hésité avec un autre village du nom d’Oberschlindermanderscheid. L’ancienne Première ministre de France le regarda et lui dit : «Tu as bien fait de choisir Schengen ! », d’après un article paru le 2 juin 2005 dans Le Temps

Quel est l’intérêt de l’espace Schengen ?

La libre circulation des personnes

Depuis l’entrée en vigueur des accords de Schengen, en 1995, l’abolition des contrôles aux frontières intérieures de cette zone participe au principe de la liberté de circulation des personnes. Concrètement, cela signifie que tout individu (ressortissant d’UE, d’un État Schengen ou d’un pays tiers), une fois entré sur le territoire de l’un des pays membres de l’espace Schengen, peut franchir les frontières des autres pays sans subir de contrôle. Adieu files d’attente interminable devant les postes frontières !

Quelques chiffres:

  • Jusqu’à 3,5 millions de personnes franchissent des frontières intérieures chaque jour
  • Les Européens effectuent chaque année 1,25 milliard de voyages au sein de l'espace Schengen
  • Près de 1,7 million de personnes résident dans un État Schengen et travaillent dans un autre (source Conseil Européen)

À savoir: un État Schengen peut, après avoir consulté les autres pays-membres, rétablir temporairement le contrôle à ses frontières. Cela est possible en cas d’atteinte à l’ordre public, à la sécurité nationale ou pour des raisons sanitaires. Cela a notamment été le cas, en 2015, à la suite d’attentats terroristes et lors de la crise migratoire qui a contraint de nombreux pays à restreindre, voire à interdire, les entrées sur leur territoire. Plus récemment, cela s’est également produit lors de la pandémie liée au Covid-19.

La sécurité renforcée pour mieux protéger l’espace Schengen

Si les contrôles aux frontières intérieures ont été supprimés, ceux aux frontières extérieures ont, quant à eux, été renforcés afin d’assurer davantage de sécurité dans l’espace Schengen et lutter contre l’immigration illégale. Cette surveillance accrue des frontières extérieures repose sur plusieurs mesures respectées par les États membres :

  • une politique commune en matière de visa pour les courts séjours (90 jours maximum pour toute période de 180 jours). En fonction de leur nationalité, un grand nombre de ressortissants de pays tiers sont obligés de faire une demande de visa Schengen pour avoir le droit d’entrer et de circuler dans l’espace Schengen. Les demandeurs de visa doivent remplir plusieurs conditions dont celle d’être obligatoirement en possession d’une attestation d'assurance médicale de voyage, qui doit elle-même respecter plusieurs critères afin d’être validée.
  • la mise en place, prévue en 2025, de l’ETIAS (système européen d'information et d'autorisation de voyages) pour les voyageurs dont la nationalité est exemptée d’obligation de visa Schengen. Ce formulaire de contrôle rempli avant d’entreprendre un voyage permet de détecter en amont les criminels, les terroristes ou tout individu présentant un risque avant d’entrer sur le territoire européen.
  • l’union des forces pour lutter contre la criminalité grâce à la coopération policière et judiciaire entre les États participants. Cette collaboration est concrétisée par le partage d’informations. Notamment via le SIS (système d'information Schengen), un fichier informatique de données et consultable par différents services de sécurité des pays membres

Quel est l’avenir de l’espace Schengen ?

« Les diverses crises et problèmes nous ont montré que nous ne pouvons pas considérer l'espace Schengen comme acquis", a déclaré, en juin 2021, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. C’est pourquoi le fonctionnement de cette zone européenne est en train d’évoluer :

  • L’UE travaille actuellement à une mise à jour et une réforme du code frontières Schengen. Notamment en réfléchissant à de nouveaux cadres juridiques pour les mesures aux frontières extérieures et intérieures en cas de crise sanitaire.
  • Après la Croatie, qui a intégré l’espace Schengen, en janvier 2023, le Club des 27 pourrait s’agrandir prochainement avec l’intégration des pays membres de l’UE qui ne font pas encore partie de Schengen.
  • D’ici 2027, le contingent permanent du corps européen de garde-frontières et de garde-côtes (FRONTEX) se composera de 10.000 personnes

Articles complémentaires dans les thématiques du visa et de l'espace Schengen

Qu’est-ce que l’espace Schengen ?

L’espace Schengen - composé en 2023 de 27 pays européens - est la plus grande zone au monde dans laquelle il est possible de circuler librement grâce à la suppression des contrôles aux frontières intérieures.

Qui a créé l’espace Schengen ?

En 1985, 5 pays de la CEE (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg, France et Allemagne) décident de créer une zone de libre circulation en abolissant les contrôles à leurs frontières communes. D’autres pays les rejoindront au fur et à mesure pour former l’espace Schengen, constitué actuellement de 27 États membres

Pourquoi l’espace Schengen s’appelle ainsi ?

Composé de 27 pays européens, cet espace tient son nom de Schengen, le village luxembourgeois où ont été signés, en 1985, les accords qui ont validé le principe de libre circulation des personnes dans cette zone.